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Les eaux d’Alet : cinq nouveaux repreneurs sur les rangs
Le député-maire aurait trouvé, dans le cadre de son travail parlementaire, cinq nouveaux repreneurs prêts à investir dans l’usine d’embouteillage des eaux d’Alet à Limoux.
Pour seller 2015 sous les meilleurs auspices les élus du territoire, comme un seul homme, avaient donné rendez-vous à la presse pour faire un point sur l’avancée du dossier des eaux d’Alet et de ses potentiels repreneurs. Un dossier qui est à la peine depuis ce jour fatidique où le président de la société Newrest et président du Toulouse Football-Club Olivier Sadran a jeté définitivement l’éponge, engendrant ainsi la fermeture de l’usine d’embouteillage, le 9 mai 2011, et le licenciement de son personnel. «Depuis, beaucoup d’investisseurs sont passés mais très peu finalement étaient des repreneurs sérieux», nous a confié, hier, Guillaume Plucain, un des responsables du comité alétois de pilotage. Nous avons tous en mémoire le sulfureux Khaled Al Habahbeh qui avait fait miroiter, il y a quelques mois, aux élus pas vraiment dupes d’ailleurs, un mirage économique pour tous les Limouxins et plus encore, sans vraiment avoir le premier euro à mettre dans l’affaire. Effectivement, Alet-les-Bains est bien assis sur un véritable trésor, une dizaine de sources courent sous les fortifications du village et sous ces belles maisons à colombages. Au total, près de 400 m3/heure s’écoulent à la fois en eau minérale et eau de source dans le périmètre de cette commune incroyable. Selon des études récentes, les Alétois auraient sous leurs pieds plus de 70 milliards de mètres cubes d’eau, vieille de cinq mille ans, avouez que cela laisse rêveur quand on connaît les manques répertoriés juste à quelques kilomètres de là et ceux que l’on présage pour dans les décennies à venir. Une situation qui fait dire au député, maire de Limoux, Jean-Paul Dupré : «Ce dossier des eaux d’Alet, même si l’on n’en parle pas tous les jours, nous ne le laissons ni dormant ni inerte. Comme parlementaire, j’ai rencontré de façon confidentielle des investisseurs crédibles avec lesquels nous allons entamer des discussions dès le mois prochain. Je pense que fin 2015, dans le cadre d’un travail commun, nous aurons enfin abouti». Le président de l’intercommunalité Pierre Durand lui emboîte le pas dans un même élan volontariste : «Grâce à notre compétence économique, après le parc régional Charles-Cros, le futur pôle culturel de la Tuilerie, notre prochain grand chantier pour le territoire sera l’usine d’embouteillage d’Alet et l’aménagement de ses thermes comme à Rennes-les-Bains». Le conseiller général Pierre Bardiès rappelait lui que le comité d’experts était sur le point de se réactiver avec les institutionnels, les banques, l’agence régionale de santé, les services techniques du département et de la région pour un suivi précis de toutes les propositions.
Décès de Yves Rouquette
Le poète et écrivain occitan Yves Rouquette est décédé hier soir à l’âge de 78 ans à son domicile de Camarès, en Aveyron. Yves Rouquette est né à Sète le 29 février 1936, et il tenait la chronique « accent d’Oc » dans les pages de La Dépêche du dimanche.
Dans l’une de ses dernières chroniques à La Dépêche, l’écrivain avait réagi à l’interdiction des feu de chenminée un temps envisagée à Paris. Relisez son texte ci-dessous.
Et avant, c’était comment ?
Pas de meilleur remède contre la froidure que de se garder au chaud. Les anciens le savaient qui n’avaient ni chauffage central ni radiateurs électriques. Seulement une cheminée dans la salle commune.
Au retour du travail dehors, ils s’y tenaient de longues heures, se brûlant le devant, se gelant le derrière, une chaufferette sous les pieds des plus vieux…
La chambre où l’on dormait était glaciale. Ils mettaient de la chaleur dans les plumards avant de s’y coucher avec une bouillotte, une brique chaude, la braise d’une bassinoire qu’on promène sur les draps, le moine qu’on intercale entre matelas et couverture – une espèce de luge double dans laquelle on suspend un récipient plein de charbons ardents et de cendres et que l’on retire au dernier moment.
Les bêtes ont réchauffé l’étable, mais dehors ça caille. On sort couvert de la tête aux pieds, comme des pots de miel d’épaisseur de lainages : bonnets, cache-nez, tricots, moufles, gants et chaussettes de laine.
Le bois chauffe deux fois : quand on le coupe, le refend et le scie, puis quand on le brûle. Le pinard, assure une chanson de bidasse, ça réchauffe par ousque ça passe. On traite à l’alcool les refroidissements : café arrosé, grog, gnôles des infusions, des décoctions et des frictions. ça n’empêche pas de «sanglacer».
Contre le froid, on fait ce qu’on peut. Et on peut ! Très peu.
Sa dernière chronique dans La Dépêche du 28 décembre était consacrée au chocolat. Découvrez-la ci-dessous.
Du chocolat — même avant que l’état de mon foie me l eût interdit — j’en ai très peu et rarement mangé. En fait de gâteries, j’ai toujours préféré le salé au sucré, la saucisse dans l’huile, le boudin noir, le jambon avec deux doigts de lard, les pâtés de campagne, la carsalada, aux « bonbons caramels, esquimaux, chocolats » qu’à l entracte les ouvreuses proposaient dans tous les cinémas bondés de l après-guerre et qui faisaient chanter à tue-tête, à mes fils de retour de l école, autour de 1970 :
« Bonbons, caramels, esquimaux, chocolats ! Léchons les mamelles à Lolobrigida ! » Peut-on dire plus joyeusement le plaisir que nous avons pris à téter notre mère ? Et moi ? Que de souvenirs soleilleux ce mot de chocolat réveille et exalte !
C est la guerre, les restrictions. Pour le goûter, ma mère prend une tranche de pain gris, la recouvre d une transparente couche de beurre — celui du marchand ou celui qu’elle obtient en gardant la crème du lait, la croûte de lait qui se forme alors qu’on le met à bouillir et qu’elle baratte à la fourchette — y apporte quelques copeaux de chocolat qu’elle a prélevés au couteau sur une bille qui fera bien trois jours. J aime ce geste, le sourire qui l accompagne, les volutes sombres de chocolat où je vois des voiles de bateau voguant sur la blondeur de la mer. J aime me sentir, me savoir aimé.
La tartine au beurre posé et enlevé, parsemée de parcelles de chocolat noir, c est ma Madeleine et j en use comme faisait Proust avec la sienne. Je mords dedans, je mâche, je remâche et dans « l édifice immense du souvenir » s ouvrent des portes que j ignorais.
Je cesse à mon tour de me sentir « médiocre, contingent, mortel ».
Ma mère morte m’est rendue…
A ce sésame qui m’ouvre les cavernes de la mémoire et m’en rend les trésors enfouis s en ajoute un autre. Et c est encore une tartine. Celle de pain grillé aux braises de l âtre ou contre la fonte de la cuisinière sur laquelle mon père et son père mettaient à fondre des copeaux blancs de lard salé.
J’ai enseigné le truc à mes fils, espérant qu’il puisse leur servir à juguler l oubli de moi, de leur enfance à eux, comme je retrouve ce soir la saveur des malakoff d après-guerre, l odeur des bois à mélèzes et myrtilles où je coupais, moniteur, en billes, la plaque de chocolat du goûter des colons, celle du chocolat au lait du réveillon et aussi du petit-déjeuner que nous apportaient les sœurs bleues à vaste cornette après la messe que nous avions servie dans leur chapelle. J entends mon oncle raconter comme dans son stalag VIII A, il échange le chocolat qu’il reçoit dans ses colis contre le tabac dont il raffole tandis que d autres, contre un peu de chocolat, peuvent se croire aimés des Allemandes.
